Chroniques sismico-telluriques

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J’arrive chez mes parents, dans un trou perdu en Bretagne, enfin pas si perdu que ça puisqu’un écrivain dépressif y a passé sa petite enfance et a tellement aimé y résider qu’il a écrit Mémoires d’Outre-Tombe, c’est dire la joyeuseté du lieu.

J’arrive donc, histoire de me changer des températures Sudesques qui te font transpirer la nuit et maudire le réchauffement de la couche d’ozone, sauf que là où je vis c’est normal, c’est pas la couche d’ozone, c’est le soleil qui chauffe trop. On a beau boire plein de rosé avec plein de glaçons, ça rafraîchit pas pour autant. Non non.

Je me préparais donc à quelques semaines frisquounettes, j’avais prévu pyjamas, pulls, vestes et chaussettes, vu que là-bas, c’est minimum 10 voire 15 degrés de différence, et en moins bien évidemment. On n’a pas été déçu. Fiston est revenu avec un rhume mais il paraît que c’est à cause de la clim dans le train et moi je tousse mais il paraît que c’est à cause de la clope.

Bref. On y est.

Le pays de mes ancêtres. Le pays où ça biniouse en permanence et où ça galloïse à mort. Le pays où tu te bourres de galettes saucisses à tel point qu’ils en ont fait un hymne (« Galette saucisse je t’aime, j’en mangerai des kilos et des kilos ») et où on a fait des concours de kouign amann. Pour ceux qui savent pas, le kouign amann est un gâteau au beurre, au sucre et surtout au beurre. Le meilleur, élu à l’unanimité, est celui où quand tu appuies dessus, le beurre coule le plus. Délicieux mais si peu calorique. Heureusement, je me vêts de noir et comme tout le monde le sait, le noir ça amincit grave.

Purée de pays. J’ai pris au moins trois kilos en 10 jours.

Heureusement, mon gentil Pôpa est allé à la pêche et a ramené du bouquet. Le bouquet, c’est de la crevette rose mais quand tu la pêches elle est grise et quand tu la fais bouillir elle devient rose. Moi j’aime mieux la crevette grise qui reste grise quand tu la cuits mais c’est quand même très dur à voir quand tu la pêches si elle va devenir grise ou rose à la cuisson, surtout pour une novice comme moi. Moi les crevettes, c’est surtout important qu’elles ne sautent pas dans mon assiette quand je les mange. Pas comme les huîtres qui restent vivantes quand tu les gobes mais ça, c’est un autre sujet, surtout quand c’est les mois pas en R où elles sont laiteuses et moi j’aime pas les huîtres laiteuses mais là ça tombait bien puisque je mangeais des crevettes. Roses je précise.

Je m’étais préparée à un séjour des plus tranquilles, à équeuter les haricots du jardin, fumer des clopes en douce sur la terrasse, manger des fruits de mer et surtout de mon père et des ballades dans un ailleurs déconcertant mais rassurant.

N’importe quoi.

La ville où j’ai tous mes souvenirs d’enfance a renouvelé tous ses pavés, à tel point qu’on est obligé de se garer super loin et seulement 10 minutes pour aller acheter des clopes, s’est pourvue d’une médiathèque hi tech où on peut surfer sur le net gratos et où un tatoueur s’est même installé. Un truc de dingue. Bon, le tatoueur était en vacances et je n’ai pas pu tester ses talents mais il a le mérite de résider là quand même.

Il y a même un bio énergéticien. Un rebouteux magnétiseur qui parle aux menhirs. Là je me dis que c’est du délire. Ma ville située dans un trou boueux et pluvieux se serait-elle transformée en un endroit hype? Vais-je y trouver bientôt toutes les enseignes qui règnent dans le Sud de la France? C’est quoi un type qui parle à des pierres?

Nous les Celtes (oui oui, je sais que je vis dans le Sud depuis longtemps mais je suis toujours racino-ancrée dans mon passé) on parle pas aux pierres. C’est les pierres qui nous parlent. Les arbres aussi mais faut être super attentif. Ils causent beaucoup moins fort à cause du vent. Alors un menhir géologue, ça nous fait hausser un sourcil. Mon père et moi, on est les champions du relevage de sourcil. Si un concours existait, on gagnerait haut le sourcil.

Bref. Il parait que là d’où je viens, on est situé sur une ligne tellurico sismique énergético karmique. La classe. Je le savais déjà. C’est pour ça que je me suis sauvée dans le Sud, pour échapper aux radiations granitico caillouteuses. J’ai eu du mal à supporter les sangliers radioactifs alors le reste, vous pensez bien…

En même temps, vivre dans un pays pierrotiqueux dangereux comme la Bretagne alors qu’on a vécu la presque fin du monde en 2012, finalement, c’est peut être pas si terrible. Bon, en attendant, mes chats archi dépressifs de notre absence, mes amis presque pendus au bout d’une prise électrique et aussi mon soleil d’azur m’appellent. Les courses de la rentrée scolaire aussi.

Je repars donc avec une pierre fraîche dans la poche, dans mon paletot presque idéal…

 

 

Chroniques de fin du monde

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L’année 2012 devait être celle de la fin.

Ça a commencé par être quasiment la mienne.

Elle a débuté par une attaque de la grippe aviaire, puisque j’ai attrapé la coqueluche. Dans coqueluche, il y a coq donc ça a forcément rapport avec le poulet asiatique. J’ai mis l’année à m’en remettre, et j’ai maintenant développé une propension à tousser très élégante. De toute façon quand la toux ressemble au chant d’un coq catarrheux, ça peut être que forcément joli et élégant une fois la maladie terminée.

Parallèlement, un tentacule a commencé à me pousser dans le nez, un truc qui s’appelle polype nasal. Vachement sexy et idéal pour faire des rencontres amoureuses. Bon heureusement que ce truc s’est résorbé vite fait parce que sinon, je n’aurai pas attendu le 21 décembre pour mettre fin à toutes mes souffrances. 

J’ai donc du, par la force des choses et la double attaque banzaï des poulets chinois mettre entre parenthèse ma vie sociale, culturelle et intellectuelle. On peut pas lire Zola ou Tolstoï avec sérénité et recul quand on est persuadé qu’on va crever d’une quinte de toux. De même, ma vie sociale s’est considérablement rétrécie, sans doute à cause de l’éventuelle contagion due aux postillons. J’ai donc pris mon mal en patience et attendu que ça se tasse.

Mais le pire m’attendait : la fin du monde programmée.

Et en plus, j’avais la date précise. Comme le reste du monde d’ailleurs mais peu importe.

Moi, j’ai commencé à flipper grave quand la pub Axe a décrété que la fin du monde allait vraiment arriver et qu’il fallait changer de déo pour être super prêt le jour ou le cosmos allait se replier sur lui-même. Si la télé se met à relayer les infos sur les prédictions Mayas, c’est que c’est du sérieux.

En plus il y avait des tas d’émissions scientifiques qui expliquaient les risques encourus : choc thermique, froid glaciaire, trou noir avalant la terre, déplacement des pôles, fonte des glaces et auto implosion de la planète.

Flippant.

Ma fille, pour améliorer mon moral, m’a suggéré de lui offrir en avance les cadeaux de Noël vu qu’au moins, elle pourrait un peu en profiter avant de mourir si jeune, frappée par une comète ou avalée par un trou noir.

Le soir du 21 décembre, j’ai décidé d’affronter avec calme et sérénité la fin du monde. Transie de froid sur mon balcon, j’ai fumé tout mon paquet de clopes et j’ai picolé du bordeaux, un sacré bon, encore un que les Mayas n’auront pas, non mais des fois. 

Ben rien. Même pas une petite étoile filante ou un truc qui sorte de l’ordinaire. J’ai attendu, attendu. Et puis je suis allée me coucher, en me disant que si ça se trouve, ça allait arriver dans mon sommeil, mais le lendemain du jour final, tout était comme d’habitude.

Ok ok.

Les Mayas sont de gros abrutis d’enfoirés qui n’ont rien d’autre à faire que de faire flipper les gens et moi je suis bien contente de pas avoir acheté le nouveau déo de fin du monde parce qu’il pue, en plus.

En passant

Désolée Christian…

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J’étais tranquille au rayon des rasoirs, à comparer les ustensiles les plus performants pour mon fiston qui vient d’entrer dans le monde des hommes : il se rase. Eh ouais. Mon fils est désormais un homme, un vrai, un qu’a des poils. Mais qui ne veut pas les garder, non non. Surtout pas. Donc je compare, et lis avec attention les instructions derrière. Le choix est rude, entre un qui a 5 lames et qui est garanti sans coupures et peau douce en prime, et l’autre qui est à moitié vibromasseur et qui taille les poils du nez et rase les pattes à l’équerre.

Perplexe, je me demande si y’en a pas un qui fait le café et avec lequel on peut téléphoner, parce que celui-là, c’est sûr, je le lui prends.

Absorbée dans ma lecture et perdue parmi tant d’infos scientifiques qui ont l’air de tenir la route, en plus, j’entends une voix qui s’élève : Raaa là là, ils sont de plus en plus chers dans ce magasin, c’est fou. Je suis assez d’accord, donc je lève le nez des lames ointes d’aloé véra et d’hydro machin pour acquiescer. Le type se précipite sur les paquets sur le rayon du bas et en sort trois, tout en me renseignant : Les paquets à 1 euro 71, ils sont mieux pasque y’en a plein dedans et ça me dure tout un mois pour pas cher.

Ah. Sauf que tout le monde le sait, les rasoirs à 17 centimes (y’en a 10 dans le paquet), ça arrache la gueule. Tout le monde le sait, même moi qui ai l’air paumée au rayon rasoirs. Même Jennifer Lopez elle le sait puisqu’elle se rase avec des Venus. Ça se saurait si elle se rasait avec des rasoirs à 17 centimes. Ou alors elle le dit pas, mais ça m’étonnerait quand même. Vu qu’elle a pas l’air d’être le genre à sortir avec les jambes balafrées.

Donc je souris, un peu distante envers cet individu qui veut que mon fils soit arraché de la gueule entre ses boutons, franchement, il a assez de soucis comme ça, le pauvre. Pas le mec, mon fils. Quoique…

Le type, se croyant en terrain conquis, en profite pour me demander si je suis célibataire, si je ne veux pas lui payer un verre et si je ne veux pas passer dans sa boutique qui n’est pas encore ouverte pour que ses parents me fassent des tarifs sur les rasoirs. Ben si ses parents ont des rasoirs, pourquoi il vient me faire suer au rayon rasoirs de MON supermarché, hein?

Je décline toutes ses invitations en souriant, un parce que je suis polie, deux parce que j’ai la nette impression que ce type est sorti d’une émission de télé du style « love coaching » : vas y mon gars, tu es bègue, boudiné dans ton short et transpirant sous les bras mais tu DOIS ramener un rendez-vous, ou au moins un numéro de téléphone.

En plus, j’ai fait un tour au rayon alcool juste avant, et c’était marqué « Souriez, vous êtes filmé » sur une petite pancarte. Diantre, M6 serait vraiment dans mon supermarché???

Dans le doute, je préfère sourire histoire de décourager le gars et de garder la face devant des caméras, si caméras il y a. Le type est vraiment insistant, voire lourdingue et me demande de m’expliquer pourquoi si je suis célibataire, je ne veux vraiment pas lui payer un verre ? Ah ouais, tiens, ça c’est trop bizarre, pourquoi je veux pas, hein ?

Après il fait le paon, en s’auto complimentant sur ses 45 ans qu’il ne fait pas parce qu’il ne boit pas, ne fume pas et qu’il est à la recherche d’une relation sérieuse et durable. Ca va pas être possible, je lui dis. Moi je bois et je fume et je n’ai que 42 ans et demi. Il me propose de me laisser du temps et suggère de me laisser son numéro sauf qu’il l’a oublié vu que ça fait pas longtemps qu’il est ici et qu’il vient de Paris. Ah. Je savais pas qu’en changeant de région, on changeait de numéro mais bon, s’il le dit, hein.

Il veut toujours pas comprendre que j’ai choisi d’être célibataire et que je ne suis pas morte de faim au point de lui payer un verre. Je cède et lui laisse mon numéro, en intervertissant toutefois quelques chiffres, hé hé hé…

Arrivée à la maison, j’ai, par acquis de conscience, composé le numéro que je venais de donner au type du rayon rasoirs. Je tombe sur une messagerie qui me dit que je parle à Christian et que je peux lui laisser un message.

Ah merde.

Pardon Christian. Tu es devenu ma ligne anti relous. Désolée, Christian… Sincèrement.

Mais franchement, y’a pas idée non plus d’avoir pratiquement le même numéro que moi, non mais.

Un peu de poésie dans ce monde de brutes…

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Vu qu’en ce moment, le débat fait rage autour de « Est-ce qu’on doit appeler une femme Mademoiselle ou Madame ? », j’aimerai apporter ma petite contribution féminine à la discussion, en distillant quelques grammes de poésie masculine…

Premier vers. « Oh les gars, c’est cool, ce soir on va se taper une ou deux fentées en boite ». Olé.

Explication pour ceux qu’auraient pas pigé : une fentée, c’est une femme. Ca remet en perspective tous les clichés bienveillants que les hommes ont sur les femmes, celles qui n’ont pas un salaire à l’égal des mecs alors qu’elles se tapent le boulot la bouffe le torchage des mômes la vaisselle le repassage et le ménage. Plus la litière du chat et le descendage des poubelles. Accessoirement, elles baisent aussi, si toutefois elles ne sont pas trop relous pour oser refuser que l’Homme dans toute sa splendeur leur agite sous le nez ses bijoux de famille et leur promette monts et merveilles alors que les pauvres, elles ne pensent qu’à un truc, et en général ça se résume à ça : « Bon quand est-ce qu’il jouit bordel, j’ai pas toute la nuit moi ».

Alors une fentée, c’est une femme. Moi je trouve que ça fait limite tirelire mais bon, il parait qu’on sert à ça aussi, puisqu’en général, les femmes tiennent les cordons de la bourse du ménage vu que l’Homme dépense tout en, au choix, PMU, bière, bar avec les potes, achat de jeux vidéo divers, achat de nouvelle manette pasque l’autre est flinguée vu qu’Il joue trop avec, perceuse qui sert à rien vu qu’Il est pas capable de changer une ampoule alors refaire les étagères du salon vous pensez bien, chips, bière, merguez et saucisson. Pour les fleurs, les femmes peuvent toujours se brosser.

Une fentée, c’est donc une femme. Ok. Là, c’est respect total pour l’Homme qui tient ce discours, vu que je n’aurai jamais imaginé pouvoir résumer une femme à une fente, vu que nous les femmes, je crois et j’en suis même sûre, on ne résume pas l’Homme aux attributs que le Bon Dieu a eu la grande faiblesse de l’affubler. Nan, nous, on l’affuble d’autres termes.

Deuxième vers. « Une fille qui sait pas mettre un string, c’est pas une femme ». Oulà.

Le string. La fameuse ficelle qui dépasse du pantalon, en général qui moule agréablement le popotin de la femme de tout âge qui porte pantalon et string. Ben ouais, nous dans le Sud, on croise beaucoup de strings. Sous les pantalons blancs, les jeans, les jupes et même les shorts. J’entends d’ici la réplique de certains « Arf, le string, ce n’est plus vraiment un fantasme ». Ici, le string n’est pas un fantasme, c’est un concept, et c’est surtout un slip. Il est dans toutes les armoires des filles du Sud, et même du Nord je parie.

Bref. Comment l’Homme peut se poser la question de savoir si un string est bien ou mal mis ? C’est pourtant pas difficile. Une culotte, ça peut bouffer ou dévoiler une fesse plus que l’autre, mais un string ??? Ca dévoile tout, donc forcément, c’est bien mis. Sauf si on le met devant derrière mais là, c’est un autre problème.

Donc voilà, Homme dans toute ta splendeur, avant de te poser la question de savoir si tu vas appeler une femme Mademoiselle ou Madame, apprend à causer propre, Nom de Dieu.

Et pense à descendre les poubelles aussi, ça pue dans l’entrée.

La culture pour les gnomes

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Après le décès tragique du Sims par noyade supervisé par ma fille, les préoccupations primordiales de mon fils pour la vie, à savoir décrocher son Brevet, se fabriquer un sandwich et trouver une fille qui acceptera de se laisser embrasser, évidement ce n’est pas dans cet ordre qu’il priorise ces projets, je décide que là, ça suffit comme ça. En plus la maison est toujours autant en foutoir, et le chat prend un air du style « J’habite ici, mais quand mon ouvre boite préféré grogne, je suis juste de passage ».

Bon, ce soir, j’inaugure un nouveau concept : la punition culturelle.

Je m’explique : au lieu de les envoyer bêtement dans leurs chambres respectives et de leur brailler dessus jusqu’à ce que ma voix casse, je leur fais mon plus beau sourire et leur déclare que ouno, on mangera de la soupe de courgettes ce soir et deuzio, on regardera un programme culturellement intelligent, et mortellement ennuyeux, cela va sans dire. Sinon c’est pas une punition.

Je farfouille dans mon étagère à DVD et je repère LE film de la punition culturelle de ce soir : Le Temps des Gitans, d’Emir Kusturica. Non que je trouve ce film mortellement ennuyeux, bien au contraire je l’adore, mais il est en VO sous titré et franchement, quand deux ados sont habitués aux Simpsons et aux matchs de WWE le vendredi soir sur NT1, je pense que le Serbe et la poésie tridimensionnelle de Kusturica, ça va les punir grave.

Je brandis la cassette vidéo et déjà, c’est tout un bazar pour retrouver le lecteur de cassettes, le rebrancher et trouver la touche play parce que la télécommande a du finir dans l’estomac du chat, ou celui de mon fils, va savoir.

Le film commence. Premier commentaire de Choupinette : « C’est un film colorisé, ça, non ? ». Euh non, c’est juste les couleurs serbes ma chérie. Je patiente, me frottant les mains d’avance, à les observer pour savoir lequel des deux va craquer avant l’autre, hé hé hé…

Pas croyable. Ils aiment ce film. Les sous titres sont passés comme une lettre à la poste et j’ai eu droit à deux crises de larmes : une quand le dindon apprivoisé a terminé dans une casserole (tiens, ça t’apprendra à exterminer des Sims, non mais) et l’autre quand le héros de l’histoire meurt tué par une mariée (mon fils, méfie toi des mariées, ou des femmes habillées en mariées ou des femmes tout court, je sais de quoi je parle, j’en suis une).

Bien. Du coup, culturellement, j’ai bien assuré, mais pour la punition, pas vraiment. Ils ont même aimé la soupe de courgettes…

Demain, j’hésite à leur faire visionner Urga (un film plein d’émotion qui se passe dans les steppes de Mongolie, avec des supers sous titres bien évidement) ou l’Exorciste. Faut voir.

 

Meurtre dans une piscine

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Bon, là, je suis encore sous le choc.

Je rentre de ma dure et longue journée de travail, mon fils est déjà la tête dans le frigo, qui ne fait fait toujours pas de glaçons tout seul d’ailleurs, et me lance un salut caverneux, en direct des entrailles du garde manger réfrigéré. « Salut M’man, qu’est ce qu’y a à manger ? »

Jusqu’ici, c’est la stricte normalité.

Je louvoie entre les chaussures disséminées ça et là et vais embrasser ma fille chérie, qui a le nez vissé sur l’écran de l’ordinateur. Oui elle a fait ses devoirs oui elle a passé une bonne journée et là, ben oui, elle se détend hein, parce que c’est usant une journée de collège, faut pas oublier.

Elle se détend devant les Sims.

Les Sims. Un jeu qui fait jouer à Dieu car on fabrique sa maison, sa piscine, son jacuzzi et tous les petits personnages qui vivent dedans. On leur demande d’exécuter des ordres, du style d’aller bosser, d’aller faire des courses, d’apprendre à cuisiner autre chose que des sandwiches au pain de mie et d’aller se coucher à des heures correctes. Même les animaux ont un travail dans les Sims. Je n’ai pas encore exactement compris ce que l’avatar de mon chat faisait réellement comme travail, vu que le vrai n’en fout pas une ramée, mais bon, on va dire que la psychologie des Sims est un peu trop absconse pour moi encore.

Et là, ma fille m’annonce qu’elle vient d’assassiner un de ses Sims. Et pas vraiment proprement, hein.

Elle aurait pu attendre qu’il meure de sa belle mort, ou l’empêcher de manger, ou alors lui faire manger des sandwiches au pain de mie avariés car la bouffe se périme dans les Sims, à une vitesse en plus, c’est pas croyable.

Nan, elle a noyé son Sims.

Elle l’a fait nager dans la piscine puis a vendu l’échelle. Quand le Sims a fini par couler, le pauvre, une pierre tombale est apparue dans le jardin, signalant ainsi que le Sims noyé ne risquait pas de réapparaître, ben elle a vendu la pierre tombale.

Une fois passée la sidération de cette annonce macabre, je me suis posé une question : dois-je faire consulter ma fille ? Et ensuite, une deuxième question m’est venue : c’est quoi ces créateurs de jeux qui ne pensent même pas à empêcher de faire vendre des échelles de piscine alors qu’il y a un type dedans, hein ?

Mon fils, même pas choqué par ce que vient de raconter sa soeur, farfouille toujours dans le frigo, déniche un bout de fromage et revient en temporisant « T’inquiète, M’man, c’est pas réel ».

Mouais. C’est pas réel, mais ça fait froid dans le dos.

Ma fille est une killeuse de Sims. J’espère juste que ce Sims, ben il avait pas ma tête, hein.

 

Chroniques de la vie ordinaire

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Des fois, j’aimerai trop être célibataire.

J’aimerai trop arriver dans un appartement super bien rangé, des miroirs dans les coins sombres pour agrandir les pièces, le mobilier tout assorti, un coin cuisine avec les plaques vitro céramique flambantes, un frigo des Staiiites qui fait des glaçons à la demande et un coin salon avec des poufs super accueillants de partout. Avec un écran plat surdimensionné bien sûr. Un intérieur à la Valérie Damidot, mais sans les bougies, pasque j’aurai trop peur que ça foute le feu à mes nouveaux rideaux.

Là, j’ouvrirai ma porte avec un plaisir non dissimulé, je poserai mes clés délicatement dans LE réceptacle adéquat, je rangerai mes chaussures dans le meuble à chaussures disposé dans l’entrée, et, satisfaite de ma journée bien remplie et tellement enrichissante, je sourirai (ça se dit, sourirai ?) et j’irai me chercher un verre à pied en cristal, le remplirai de glace au frigo qui ne demande que ça et je verserai délicatement du rosé pamplemousse bien frappé, et irai m’asseoir dans mon canapé rebondi pour profiter d’un bon DVD bien en phase avec mon temps, j’ai nommé True Blood.

Mon chat, svelte et bien élevé, viendrait s’asseoir à côté de moi et ronronnerait juste ce qu’il faut, histoire que je ne loupe pas les répliques du film.

Ca, c’est l’idéal.

Là je suis rentrée ce soir, après une journée passé dans un endroit où des gosses hurlent dans les couloirs, surtout aux inter cours et pendant la récré, je suis tombée sur le principal qui m’a prise en flag avec un cappucino dans la main alors qu’à cette heure-ci, je devais être en classe et j’ai failli prendre un gnon par mes deux chers collègues qui s’écharpaient pour une histoire qui ne me concernait en rien, du style une voiture conduite par une mouche qu’est jamais arrivée à destination. Bref.

Bon. je sourire (j’aime bien ce verbe, sourirer) à l’idée de retrouver la quiétude de mon foyer.

J’ouvre la porte, je dépose délicatement mes clés dans LE réceptacle adéquat, et je soupire, heureuse d’être rentrée. Là, le délire retombe. Il y a au moins 15 paires de godasses dans l’entrée (normal, en même temps j’ai pas de meuble à chaussures, faut pas que je me plaigne non plus, hein) et le frigo ne fait pas de glaçons tout seul. Bon, y en a quand même, vu que j’en ai mis à prendre hier soir donc jusqu’ici, tout va bien. Je pose mon sac, je me sers un verre de rosé pamplemousse et je suis en train de me diriger vers le canapé pour savourer ma soirée qui commence.

Eh ben ça va pas le faire. Mon fils est allongé dans le sens de la longueur sur le canapé, avec un casque d’Ipod sur les oreilles, une PSP avec un jeu de catch dans les mains et en plus, il regarde la télé. Un truc de dingue. Comment il peut faire trois choses à la fois ? Je croyais que seules les femmes pouvaient faire plusieurs choses en même temps. Mon fils doit être un spécimen particulier.

Devant la télé, par terre, gît ma fille, absolument captivée par un film Bollywood qui dure 3 plombes et qui braille des trucs en sanscrit, mais sur de la musique.

Je pousse négligemment mon fils et il se décale à grand peine. Je m’affale dans le canapé et observe autour de moi. Pas de meubles assortis, pas de canapé rebondi et bien sûr, film indien au programme, hein. Si je suis sage, j’aurai droit aux Simpson ensuite.

Au bout d’une demie heure de présence (j’ai déjà fini mon verre, c’est un bon indicateur du temps qui s’écoule), mes enfants réalisent que je suis là et braillent en coeur : « Salut M’man! On mange quoi ce soir ? »

Le chat se pointe, il est tout sauf svelte, et en plus il réclame à manger. Quand il a  terminé, il vient rejoindre le lieu où tout le monde est, parce que ma fille a décidé que par terre, c’était un peu froid et il s’installe sur le haut du canapé et me ronronne dans les oreilles, j’entends même plus le film indien. Merci le chat, même si tu n’es pas svelte et racé comme dans les pubs pour bouffe de chat.

« M’man ? On mange quoi ce soir ? »

Là, je sourire de toutes mes dents : « Ben ce soir les gosses, c’est Ramadan surprise, là chuis crevée ».

Histoire d’Ex

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Je m’installe confortablement dans un siège en plastique, et j’attends ma copine qui doit me rejoindre incessamment sous peu pour qu’on déjeune au soleil. Le restau sert des sushis et des salades d’algues, un pur bonheur.

J’attends, j’attends. Je commence à avoir la dalle, et elle n’arrive toujours pas. J’adore attendre des heures, au soleil, surtout quand mon estomac gargouille et que j’ai faim, quoi.

Mais qu’est ce qu’elle fout ?

D’un coup, une ombre fait disparaitre mon soleil, mais c’est pas elle, non, c’est mon ex de il y a un an et demi, qui n’a toujours pas compris pourquoi je l’ai quitté alors qu’il est si gentil si disponible si peu casse bonbons et si extraordinairement beau et aussi talentueux avec les attributs que lui a donné le Bon Dieu. Ouais, tiens, pourquoi je l’ai quitté au fait ? Peut être bien parce que trop de bonheur d’un coup, c’est pas supportable.

J’attends toujours cette foutue copine qui n’arrive pas alors que Ex s’est agenouillé à ma hauteur – je ne suis pas naine, je suis assise, nuance – pour me déclarer sa flamme toujours brûlante et le gâchis que j’ai fait de sa vie en le lourdant comme une vieille chaussette. Faut dire que les chaussettes, il en avait toute une collection, tout comme les baskets, les casquettes et les polos avec des sigles made in USA dessus. Parce que Ex est Américain. Oui enfin, il est surtout né dans une ville qui fleure bon le poisson sur le Vieux Port, la délicatesse et le savoir vivre. Mais en France, et dans le Sud, pas aux Staiiitses. Mais bon, il est Américain, voui, j’l’ai vu son passeport quand il me l’a fourré sous le nez. Son passeport, je précise.

J’écoute distraitement en essayant de me décaler pour récupérer un peu du soleil qu’il me cache, histoire de ne pas gâcher encore plus cette belle journée qui avait pourtant presque bien commencé, quand je l’entends me dire qu’on a l’obligation de rester amis, vu qu’on s’est léché le c** pendant  3 ans et demi (sic) et que je ne devrais pas le snober ainsi. Ok ok, les contacts corporels, ça rapproche, certes, mais il est obligé de parler si fort, cet abruti ?

Je deviens l’attraction de tous les gens attablés qui en oublient de manger leur poisson cru.

La sensation de la moutarde ou plutôt du wasabi commence à me submerger, là, tout de suite, et j’ai soudain une grosse envie de lui foutre mon sac de chez Sephora en plein dans la gueule mais non, je ne peux pas faire ça, vu que dedans il y a mon nouveau poudrier miroir que j’ai acheté à grand frais tout ça parce que j’ai cassé mon ancien ce matin et que ma fille m’a garanti 7 ans de misère. Pas besoin d’en avoir 14 d’un coup, 7 c’est largement suffisant je trouve.

Ça commence à me gonfler tout ça. Ma copine arrive juste à temps pour m’éviter les Assises et du coup, elle fait fuir Ex. On en profite pour commander nos sushis mais avec son retard et Ex, les clients se sont amoncelés et du coup, on n’est plus vraiment prioritaires. Donc on attend. Ça fera que continuer cette matinée à la noix. Mon portable se met à biloubilouter dans mon sac – pas celui de chez Sephora, l’autre, le vrai – et oh, surprise, un bonheur n’arrivant jamais seul, c’est Ex, mais un autre ex bien plus ancien que celui qui vient de me bouffer mon capital soleil et me racornir le mental il y a pas 10 minutes. Ex d’il y a longtemps se met à me supplier par texto – c’est tellement plus romantique – de lui donner une troisième chance. J’hallucine. C’est la journée des Ex ou quoi ? Mais qu’est ce qu’ils ont tous ? Ben en tout cas, c’est pas la mienne, de journée. ( Petite parenthèse : Ex 2, c’est Ex 1 en fait, vu qu’on s’est connu quand j’étais jeune, belle et ferme et qu’il doit sans doute vouloir se rassurer en remettant le couvert avec moi en vieille, moche et molle ). Ça va pas le faire du tout, mais alors pas du tout.

Ma copine me dit « Ça va ? T’es pas un peu à cran là ? » Naann, tu crois ??? J’ai juste envie de défoncer la tête de quelqu’un avec mon sac de chez Sephora. Ah merde, je ne peux pas, il y a mon nouveau poudrier qui est censé rattraper au moins 3 ans de galère, vu qu’il m’a coûté un bras.

Ma salade d’algues arrive. Un pur délice. Je suis sûre qu’elles sont Bretonnes, ces algues… Quoique, vu la chance que j’ai en ce moment et le taux de mortalité chez les sangliers en Bretagne, vaudrait mieux pas qu’elles soient de là-bas. Je préfère encore qu’elles viennent de Fukushima, ça m’a l’air plus sûr.

J’attends toujours mes sushis. Ma copine a eu les siens, elle.

Ce soir, c’est décidé, je picole un verre de rosé, et je fous le feu au chat, ça va me détendre.

Chroniques Bretonnes

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Je pars, harnachée comme il sied pour ce pays, c’est à dire ciré jaune, bottes roses, et tenue noire de circonstance (ça amincit grave).

Faut dire qu’il menace au niveau ciel.

Accompagnée de mon cher père et de ma fille qui grommelle, normal, on l’a à moitié forcée à venir vu qu’elle a pris du poids à cause du nutella, on se met tous allègremment en marche.

En chemin, le ciel commence grave à se couvrir, du style gris foncé pas vraiment engageant. Qu’importe, l’aïeul a dit (il me tuerait s’il lisait ça mais vu qu’il n’a pas internet, je peux me lâcher) « On continue, les p’tits gars ». Ok d’accord, mais en même temps, on est que des filles à l’accompagner, un détail qu’il a dû zapper.

Alors on continue.

Il se met à pleuvoir, fatal, vu la couleur du ciel.

Trop sympa, je file mon ciré jaune à mon père qui a incroyablement oublié sa veste mais bon, de toute façon, ce ciré jaune ne me va pas du tout au teint, je préfère être en noir, ça amincit grave.

Il pleut de plus en plus, j’ai tenté de mettre mes lunettes de soleil, histoire de ne pas paumer mes lentilles de contact mais du coup, je ne vois rien, vu que curieusement la teinte du ciel est descendue jusqu’au niveau de mes pieds.

« On continue ou pas », je beugle à mon père, vu le déchaînement apocalyptique des éléments. « Ouais, ça va se calmer » qu’il me rétorque.

Ok ok. Donc on continue. Ma fille n’ose plus en placer une, vu qu’elle a de la pluie plein la bouche et les yeux, et moi, je dérape dans mes bottes roses, cadeau de mon beauf qui a fait je ne sais plus quel festival et qui est revenu avec ces fameuses bottes roses, malheureusement du 44. J’ai mis des semelles supplémentaires dedans, avec au moins trois paires de chaussettes mais rien à faire, mon pied dérape à l’intérieur de la botte. Ajoutez à ça l’action de la vase qui retient la botte avec des bruits pas possibles, mon bonheur est total.

On continue.

Je suis trempée, la vache. Les Bretons n’arrêtent pas de dire qu’il fait beau plusieurs fois par jour, ben nous on n’a pas de bol sur ce coup-là. On a du sortir au mauvais moment. Je relève mes lunettes de soleil, histoire de voir si le ciel se dégage un peu, et on croise un tracteur qui revient sur la terre ferme, qui quitte la vase, quoi. Les mecs sont morts de rire rien qu’à voir mes bottes, pfff, ils doivent me prendre pour une Parisienne, les boules.

On s’en fout, on continue.

Au bout d’une demie heure de cauchemar, on arrive enfin sur LE lieu adéquat. Explication : LE lieu ressemble aux lieux à des kilomètres à la ronde, mais mon père a décrété que c’était LE lieu.

Ok ok. On se pose donc, enfin je dépose mon petit panier en osier et sort mon super grattoir et commence le travail le plus difficile de ma carrière de fonctionnaire : la pêche à la palourde.

Je gratouille à fond, y a rien qui vient. Pourtant, les palourdes sautent dans la panière de mon père. Mais comment il fait, le bougre ??? Il a un appât ou quoi ??

Pour les non-initiés, la palourde est un coquillage, qui a une coque (hyper original comme description) et tellement de couleur dessus (sauf le bleu) que en plus, j’ai du en louper pas mal. Bref, au bout d’un temps infini de gratouillage, je sens une palourde sous mes mains congelées et détrempées. C’est le Saint Graal, je vous jure !!! Ma fille, elle, a abdiqué depuis longtemps et se borne à vérifier la grosseur réglementaire des bestioles, qui ne doit pas être en-deça de 4 centimètres, sinon les douaniers Bretons pourraient nous tomber dessus et nous piquer notre récolte, en plus de nous coller une amende. Franchement, je ne suis pas persuadée qu’ils sont de sortie, vu le temps, mais bon, j’écoute Popa.

Bon, jusque-là, je coopère gracieusement et j’arrive à choper des bestioles.

Mon père décide d’arrêter, vu que lui, il a rempli son quota. Non seulement les bébêtes doivent mesurer plus de 4 centimètres, mais il faut en pêcher un certain nombre par pêcheur, nombre que je ne dévoilerai pas ici, vu que mon père a fait un savant calcul pour savoir combien de bestioles on peut ramener avec soi vu le poids d’une palourde (avec la coque bien sûr, sinon ce serait trop difficile de les éplucher sur place, vu qu’en plus j’ai laissé mon couteau à la maison). Si si, je vous jure, il a pesé une palourde. Mais de plus de 4 centimètres, bien sûr.

Bon, en gros, mon père a pêché sa part ET la mienne, et moi, j’ai pêché que des trop petites, dit ma fille qui remet à l’eau les palourdes que j’ai eu tellement de mal à ramasser. « Pas réglementaires » qu’elle dit. Pfff, je vais la remettre au nutella si ça continue.

On repart chargés comme des bourriques « Allez les p’tits gars, on s’en va », toujours trempés comme des soupes, ma fille le derrière plein de vase, et moi super contente d’avoir ramené des fringues de rechange, histoire de ne pas saloper la bagnole de mon cher papa.

Résultat des courses ? J’ai un teint d’enfer à cause de toute l’iode ramassée d’un coup, et les palourdes au four 5 minutes, avec quelques brins de thym, et juste ça (pas besoin de chapelure ou de beurre, ni même d’ail, comme on m’a narré une recette il y a peu, pfff, encore un amateur), ben c’est une vraie tuerie…